Communiqué de presse

📰 ARTICLE - « Plus elles seront utilisées, plus elles seront performantes » : à l’université Paris-Saclay, les étudiants expérimentent l’IA

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« Plus elles seront utilisées, plus elles seront performantes » : à l’université Paris-Saclay, les étudiants expérimentent l’IA

📰 ARTICLE - « Plus elles seront utilisées, plus elles seront performantes » : à l’université Paris-Saclay, les étudiants expérimentent l’IA

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Une centaine d’étudiants ont testé, en 2024, une formation d’acculturation à l’intelligence artificielle. Le cursus sera proposé à l’ensemble des étudiants à l’horizon 2030.
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C’est un appel d’urgence ! Dans une tribune au Monde le 24 mars, Jean-Claude Planque, maître de conférences à l’université de Lille, alertait sur le défaut de politique globale de formation des étudiants et des enseignants dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA). « L’heure devrait être à la mise en place d’une formation systématique, martelait le chercheur. Cet enseignement doit être dispensé dès la première année et se poursuivre jusqu’à la fin du cursus. » A partir de la rentrée 2025, l’université Paris-Saclay proposera à ses étudiants une acculturation à l’IA. Quel que soit le cursus, des sciences humaines aux sciences dures, les 48 000 apprenants du pôle universitaire seront amenés à passer un brevet IA à l’horizon 2030.

En réponse à la massification du recours aux IA des jeunes de 18 ans à 21 ans, « il faut massifier son enseignement », souligne Laurent Oudre, professeur des universités, directeur du master mathématiques, vision et apprentissage à l’Ecole normale supérieure Paris-Saclay et pilote du projet. « Nos sociétés se transforment, l’IA est en train d’entrer dans tous les secteurs de nos vies. Il est nécessaire d’être suffisamment armé pour comprendre comment elle transforme le monde dans lequel nous vivons », poursuit le chercheur. Le brevet IA est un socle de connaissances permettant d’appréhender ce qui se passe derrière les interfaces de ces nouveaux outils.
La formation est divisée en quatre chapitres, elle nécessite, pour parvenir à son terme, entre douze et quinze heures. Elle est composée de rappels historiques, d’actualité et d’analyses de spécialistes. Le premier chapitre est consacré au fonctionnement, l’objectif étant de comprendre les éléments de base qui composent une IA (algorithme, modèle et apprentissage). Le deuxième détaille les différents types de tâches que peuvent réaliser les IA.

 

Bêta-testeurs

Le troisième creuse la pratique, il aborde les pièges, comme la création de deepfakes et les solutions pour les identifier, leur entraînement, leur évaluation… Enfin, le dernier examine les enjeux sociétaux qu’elle bouscule (environnement, droit, éthique et enjeux scientifiques). L’intégralité de l’apprentissage se fait en ligne. Une évaluation est programmée à la fin de chaque chapitre pour ouvrir le suivant. A partir de 2026, l’obtention du brevet rapportera aux étudiants des crédits ECTS (système d’équivalence européen), selon Laurent Oudre.

Une centaine d’étudiants de l’université Paris-Saclay ont fait office de bêta-testeurs en 2024. Parmi eux, Matteo Joséphine, 20 ans, en 3e année de bachelor universitaire de technologie gestion des entreprises à l’institut universitaire technologique de Sceaux (Hauts-de-Seine). Bien que primo-adoptant des IA, l’étudiant reconnaît avoir découvert « la complexité des systèmes » et leur appétit de données, délivrées par les usagers. « Les IA s’approprient tout (documentation, data…), plus elles seront utilisées, plus elles seront performantes », avertit-il. Il est indispensable de connaître l’envers du décor.

Les étudiants doivent « comprendre ce qui se passe derrière l’outil », résume Sarah Cohen-Boulakia, directrice adjointe de l’institut DataIA de l’université Paris-Saclay. Comment sont générées les réponses, sur quelles sources, ont-elles des biais, avec quel programme et quel est leur poids environnemental ? Toutefois, selon la chercheuse, l’effort doit être porté au-delà de l’enseignement supérieur : « Chaque citoyen doit être formé à l’usage des IA et doit savoir décrypter leurs réponses, poursuit-elle. Sinon, il ne comprendra pas le monde qui l’entoure. »

Par Eric Nunès